Instrumentals

Clams Casino

Type – 2011
par Simon, le 30 septembre 2011
8

Aujourd’hui Lil B est un monstre qui massacre les tops en persistant à vouloir demeurer un projet indépendant malgré les centaines de milliers d’auditeurs. Et s’il est aujourd’hui sa propre major, c’est parce que "The BasedGod" continue d’inonder YouTube de dizaines de vidéos en tout genre, générant des flux continus de nouveaux fans. Plus qu’un simple emcee, Lil B cristallise la nouvelle Amérique musicale qui réussit grâce à des médias qu’elle maîtrise en bon geek, comme s’il lui avait simplement suffit d’être en accord avec son temps pour passer à l’étage supérieur. Mais comme dans toute révolution, il se cache derrière le héros un fidèle équipier, un mec qui bosse dans l’ombre pour son leader. Que serait Andy Schleck sans Maxime Monfort, Batman sans Robin, DSK sans Anne Sinclair ? Ou tout simplement Lil B sans Clams Casino ?

Car tous ceux qui se sont déjà penchés sur le phénomène Lil B le savent : au-delà du flow nonchalant du Californien, l’un de ses gros points forts sont ses productions, ou plutôt celles de son chien de guerre Clams Casino. Ses sons sont disponibles partout, de Youtube à Soundcloud en passant par une mixtape à télécharger gratuitement. Aujourd’hui le label Type – structure habituée à produire des groupes ambient/modern classical – a décidé de mettre en boîte le beatmaker du New Jersey. Quelle utilité donc de vous parler de ces Instrumentals au travers d’un objet payant et d’ores et déjà sold out alors qu’on vous offre plus haut la version gratuite ? Aucune à vrai dire, il était juste temps pour nous de partager avec vous notre admiration pour l’imaginaire de ce mec.

Si on devait commencer par insister sur l’esthétique de Clams Casino, on placerait ce loopdigger entre la witch house (et là on vous renvoie à la chronique du dernier Balam Acab), l’abstract hip-hop, le juke et le screw. Un truc d’Américains quoi. Mais un truc d’Américains qui rêvent fort et s’offrent une vision nouvelle du Rap Jeu. On l’a dit, Lil B est un personnage moderne, anticonformiste et appliqué. Clams Casino joue sur le même tableau, tout dans la rêverie ambient, dans les micro-snares qui claquent, dans les voix de meufs qui pleurent ton départ à l’aube. A mille kilomètres de l’imagerie dirty south classique et un poil vulgaire, et pourtant si proche. Instrumentals fait état d’une musique luxuriante, qui pue le champagne Cristal et les seins nus, mais qui passe tout son héritage au travers d’un filtre mélancolique, presque triste.

Instrumentals c’est le spleen du millionnaire seul sur son yacht : plus de cigares, plus de sizzurp, juste la mer et toi. Ses beats sont aussi simple que mes fringues, son univers ne s’embarrasse d’aucune pose arty, et le résultat s’apparente pourtant à des mouvements de montagnes. A l’heure où Flying Lotus représente l’abstract hip-hop à son plus haut degré de prétention, Clams Casino vient défourailler le game avec un contenu véritablement essentiel. Et si finalement c’était lui ‘The BasedGod’ ?

Le goût des autres :
9 Thibaut 9 Bastien