Hot Sauce Committee Pt. 2

Sans être totalement nuls, les derniers albums des Beastie Boys n'avaient pas ce feu sacré qui caractérisait jadis le groupe - on pense ici à Paul's Boutique, Check Your Head et Ill Communication, ces trois véritables monuments du début des nineties. Le trio semblait usé, ce qui ne paraissait que normal : peut-on raisonnablement demander à quelqu'un né au milieu des années 60 d'encore rapper, surtout de cette façon hystérique et bondissante, 25 ou 30 ans après ses débuts ? Finalement, après une décade de doute, la réponse est oui. Et c'est une excellente nouvelle.

Bien sûr, cet album n'apporte rien à l'histoire de la musique et encore moins à celle du groupe, dont les heures les plus glorieuses sont déjà un vieux dossier. Il apporte le sourire, par contre. L'envie de sauter en l'air, de prendre des poses de MC devant son miroir. D'hurler. De headbanger. De danser. De se prendre des gamelles en skate. De se pochetronner misérablement. Feu de Dieu. Dégagement de patate. Forme olympique. A 45 balais, les trois zigotos réussissent à sonner plus djeunes et énergiques qu'une majorité de rappeurs de la génération Y, plutôt nés fatigués avec un bagage génétique de véritables abrutis. Ce Hot Sauce Committee Pt. 2 est un album de gros fêtards, de jeanfoutres, d'éternels adulescents. De morveux punk. Tout ce que les Beastie Boys avaient oublié d'être en se prenant pour des musiciens de jazz-funk et des New-Yorkais nostalgiques de l'époque où les Twin Towers existaient encore.

Hormis le reggae avec le featuring de Santigold, pris séparément, aucun morceau n'a à priori de véritables chances de cartonner, ni de tenir la dragée haute aux tubes passés du groupe. C'est l'accumulation, l'ambiance de l'ensemble, qui font la force de Hot Comittee Sauce Pt 2, véritable album plus que collection de tracks, oeuvre cohérente même si on y passe du hip-hop au hardcore en se permettant un petit détour par le dub. Un album à l'ancienne, touillé par des anciens mais en fait destiné à tous les wankers de 7 à 77 ans. Ce qui fait du monde. Autre chose : les Beastie Boys ont de la chance avec le temps. En effet, vu les chances que l'été 2011 dure bien six mois, ce disque va forcément faire figure de bande sonore parfaite du farniente rigolard et de l'indolence jardinière. Bonheur, joie, petits bonds, pogo.