Heliosphere
Benjamin Damage
En 2012, Benjamin Damage s'était gentiment hissé à la 10e place de notre top albums en compagnie de son colistier Doc Daneeka. Une position tout à fait méritée tant l'album réalisé à quatre mains déployait un savoir-faire aussi bien dans la uk bass que dans la techno putassiere pour dancefloors moites. Un effort justement récompensé pour ce duo qui a marqué l'année de son empreinte. Avec l'annonce du projet solo de Benjamin Damage on ne pouvait dès lors qu’espérer une nouvelle fessée administrée par le producteur british. Sauf que, Benjamin O'Shea - ne réussit pas à nous combler entièrement. Explication.
Loin d'avoir pondu une immondice, le Gallois tend plutôt à nous offrir une démonstration de son savoir-faire et de sa virtuosité sur les dix titres que compte Heliosphere. Le hic, c'est qu'il ne ressort pas grand chose de cette démonstration de force, si ce ne sont des pirouettes, fort plaisantes au demeurant. Rassurez-vous, il y a très peu de déchets ici, mais en voyant le potentiel de Benjamin Damage, on se dit qu'il aurait pu nous pondre un album d'une autre envergure que ce patchwork électronique. C'est d'autant plus regrettable que prise une par une, quasiment toutes les pistes sont des bijoux de production, de rythmique et d'efficacité. Alors que manque-t-il à cet album ? C'est assez simple: une prise de risque, une véritable armature et de la profondeur. Pendant une petite heure, on saute d'une ambiance à l'autre sans véritable logique. Ca passe de la uk bass à la techno, avec un petit détour par de l'electro à gros claviers. En surface, tout se passe bien mais on a trop souvent l'impression que l'élève essaie de copier ses maîtres - Regis, Modeselektor, Burial - plutôt que de les surpasser.
Certes, on a connu bien pire comme références, mais Heliosphere sonne trop souvent comme un bel hommage à la musique électronique contemporaine, plutôt qu'un album où Benjamin Damage aurait balancer ses tripes et son coeur. Vous allez nous dire qu'on va peut-être chercher la petite bête. Ce n'est pas faux. On applaudit et on savoure la bombinette techno qu'est "Delirium Tremens", l'épopée uk bass de "010x", les claviers à la µ-ziq de "End Days", et l'hommage modelesktorien qu'est "Swarm". Il y a clairement dans cette galette de quoi nourrir tout fan de 50 Weapons qui se respecte. Alors si Heliosphere n'est peut-être pas l'album que l'on attendait de Benjamin Damage, cela n'empêche pas le type de dérouler comme Zlatan face à la défense de Valenciennes, sans forcer. Pour le prochain album on espère que le protégé de Modselektor y mettra un peu plus du sien pour définitivement produire un LP à la hauteur de son talent. On peut finalement voir un motif de satisfaction à Heliosphere : le bougre en a encore sous le pied et ce n'est pas pour nous déplaire.