Heimische Gefilde

Dominik Eulberg

Traum – 2007
par Simon, le 16 juillet 2007
8

Bientôt détenteur d’une formation pointue en biologie animale, Dominik Eulberg n’en reste pas moins pour autant un des secrets les mieux gardés de l’Allemagne électronique, et quand l’idée lui prend de sortir un deuxième album qui se laissait attendre avec impatience, il aurait été inconcevable pour cet homme à part de ne pas mêler l’utile à l’agréable. Entendons par là un album concept où les tracks les plus subtiles viennent à la rencontre d’un biotope (Heimische Gefilde littéralement) qui prend des allures de cours universitaire, le tout en allemand naturellement. Après avoir rapidement dépassé l’effet humoristique de ces interludes réguliers, on découvre avec émerveillement le monde tout aussi singulier de l’auteur au travers de titres pointus et techniquement irréprochables. L’homme-arbre n’a jamais aimé les natures mortes et emprunte la voie d’une techno bien vivante pour assouvir pleinement ses désirs dominicaux, une promenade vivifiante coincée entre after de bon goût et dancefloors enflammés, gardant toujours à l’esprit de rendre son exposé attractif à l’aide de jaillissements microscopiques et basses monumentales.

La progression rythmique n’est pas en reste grâce à des avancées cycliques parfaitement mises en mouvement, fidèle à des codes directement empruntés à notre chère Mère Nature. Entre deux hululements, le producteur teuton peut dès lors tout se permettre, et l’incursion du bonhomme dans les envolées plus trancey de ce « Gastof « Zum Satten Bass » » ou encore dans des structures plus complexes prouvent qu’on a bien affaire à un drôle d’oiseau maîtrisant à la perfection son sujet, un producteur en pleine confiance qui s’amuse à nous balader aux quatre coins d’une forêt qui a rapidement pris des apparences de hangar bondé, où les corps se collent et transpirent, où les mains tendues vers le ciel seraient semblables à mille levers de soleil. C'est dans ces moments de liesse que l’Allemand excelle et on prendra alors les intermèdes descriptifs en guise de bouffées d’air pour mieux se replonger la tête la première dans ces dix instants de délires bucoliques qui parlent tant aux jambes qu’à l’esprit. La démarche atteint son apogée sur un « Stelldichein des Westerwälder Vogelchores », plage entièrement articulée sur des samples de chants d’oiseaux pour un résultat immersif à souhait, qui donnera à tous l’envie de chausser ses plus belles bottes pour retourner voir d’un peu plus près ce qui se trame dans cette clairière.

Si vous aimez les profondes ballades en milieu naturel, alors ce disque est naturellement pour vous ; si les documentaires animaliers du dimanche vous passionnent par leur caractère éducatif, ce disque est également fait pour vous et si vous aimez simplement prendre votre pied sur des tracks de techno minimale de haute volée, alors ce disque est définitivement fait pour vous, quoiqu’en disent les promeneurs mal intentionnés.

Le goût des autres :
7 Julien