Chicago

Efdemin

Dial – 2010
par Simon, le 1 juillet 2010
8

Après Lawrence (Until Then, Goodbye) et Pantha Du Prince (Black Noise), c'était logiquement au tour d'Efdemin de rentrer dans la danse et de donner sa leçon de house annuelle. Nous revoilà donc avec la triplette de chez Dial au grand complet, convaincus que nous sommes que ces trois-là réunis proposent indéniablement la meilleure deep house à ce jour. Mais loin de faire de la figuration comme un potentiel troisième larron, Efdemin possède un son fort, tout en tension. Bref, un son qui va droit au cœur sans en faire des tonnes pour plaire. On est loin d'un Pantha Du Prince qui se sent à chaque fois obligé (même si la grâce ne l'a jamais quitté) d'en faire des caisses, alignant les cowbells comme on remet une couche de Nutella sur sa tartine déjà bien chargée. Non Efdemin, c'est le groove toujours classe, un peu froid dans la manière d'amener les choses mais toujours charnel dans le résultat final – en témoigne son magnifique album éponyme.

Alors ce nouvel album c'est d'abord un thème : Chicago et ses clichés house, sa légende et son fantasme. Le Graal ultime tant pour le newbie que pour les vieilles carcasses. Et bonne nouvelle, l'histoire de cet Allemand aux States finit sur un happy end - c'est du moins c'est ce que laisse penser ces dix titres une fois joués en boucle durant des semaines. Car oui Chicago est un album abouti, d'une maturité et d'une classe à toute épreuve. Pouvait-on réellement en douter? Efdemin revient bien en verve, avec une valise qui craque sous les grooves insolents, les accumulations d'effets de style et les productions aussi racées qu'engagées. Notre homme a beau se la jouer cador, lâchant des lignes de basses tendues, il retombe toujours sur un contenu finalement dodu, remerciant au passage tout l'héritage pompé dans cette antre qu'est Chicago. Car on retrouve ici cette ville débarrassée de son imagerie pédante et mille fois détournée, elle qui gagne en classe une fois de sortie ses guitares pincées, ses congas, ses trompettes, ses pianos et ses claviers Rhodes, s'illustrant dans sa propension à nous filer des vertiges (on pense notamment au superbe «  Nothing Is Everything »). Entre grâce épurée et corps bien en chair, Chicago est un disque paradoxal mais absolument essentiel, une démonstration de deep house minimale qui allie cœur, jambes et cervelle. Bref, un disque taillé pour les sens. Pour peu on allait oublier de vous révéler l'astuce : Efdemin n'est jamais allé à Chicago...

Le goût des autres :
7 Julien