Blanck Mass
Blanck Mass
De petits princes de l’underground avec le grailleux Street Horrrsing, les deux Anglais de Fuck Buttons sont carrément devenus des rois de la hype avec le surpuissant Tarot Sport. C’était en 2009 et depuis lors, la paire de Bristol a été d’un calme en parfaite inadéquation avec ses aspirations bruitistes. Profitant de ce désintérêt aussi compréhensible que temporaire de la sphère médiatique, Andrew Hung (le chinetoque grassouillet) et Benjamin Power (le barbu à la mèche de hipster) en ont profité pour vaquer à leurs occupations. Si le premier cité s’est surtout amusé derrière les platines, son compère à lui été un peu plus appliqué, puisqu’il nous débarque en cette fin de mois de juillet avec un premier album solo sous le nom de Blanck Mass et publié par Rock Action, label de Mogwai dont le guitariste avait produit le premier album de Fuck Buttons et avec qui le duo a déjà pas mal tourné par le passé.
On le sait, le sacro-saint projet parallèle peut prendre des formes très diverses, certaines étant clairement plus intéressantes que d’autres. Ainsi, là où certaines escapades en solitaire tiennent plus de la resucée mal inspirée qu’autre chose, d’autres manient savamment l’art du contre-pied, quand elles ne permettent pas de mieux comprendre la musique de l’artiste en question quand il s’adonne à l’effort d’équipe. Et clairement, ce premier album de Blanck Mass est une clé de lecture intéressante de la musique de Fuck Buttons. Certes, on ne retrouve pas sur ce disque éponyme la force de frappe presque brutale des disques de Fuck Buttons, mais on décèle facilement dans ces saynètes où nappes ambiant, sytnhés grandiloquents et grésillements drone se font la cour quelques éléments de réponse nous permettant de décortiquer le processus créatif du duo Hung/Power. En effet, tout sur ce disque de Blanck Mass semble indiquer qu’au sein du duo, Benjamin Power est le point de lumière au bout du tunnel, la bouffée d'oxygène dans une atmosphère archi-saturée.
Le hic, c’est que ce disque de Blanck Mass, malgré quelques bonnes idées, présente presqu’autant de défauts que de qualités : entre sa longueur un tantinet accablante, l’impression un peu trop prégnante de copié/collé paresseux sur certains titres et l’uniformité de l’ensemble qui devient vite un inconvénient quand l’écriture ne suit pas, l’auditeur a tendance à se perdre dans les méandres d’un imaginaire qui gagnerait à être un peu plus canalisé.