Autopsie Vol.3
Booba
Qu’on aime ou non Booba (vous pouvez même le détester, c’est le même prix pour moi) l’annonce de ce troisième volet de la série de mixtapes Autopsie avait de quoi titiller l’oreille des chroniqueurs que nous sommes, car après tout, sa prose a le mérite d’exister et il était temps de voir ce que le Parisien avait encore dans le bide en 2009. Et de ce côté-là, les plus fans du monsieur ne seront pas déçus : même flow rocailleux et surtout mêmes egotrips sous couvert de productions pro-américaines. On rentre directement dans le vif du sujet avec le tube millésimé qu’est « Double Poney », véritable hymne du hip-hop de gangster en 2009 : à ce niveau, tout fonctionne, de la puissance du beat jusqu’à l’univers lyrical de Booba.
Le problème c’est que ces vingt-deux titres ne nagent pas toujours dans les hautes sphères du single suscité, le format de la tape n’arrangeant rien à ce constat d’indécision. Globalement, la première moitié du disque s’en sort plutôt bien (« Non Stop », « Bienvenue Dans Le Texas », « Murderer », « La Vie En Rouge », « Trashhh », « Liberation Time ») et les différents emcee de la team Tallac Records se passent le micro sans pour autant faire baisser le niveau de jeu. Tout se complique quand apparaissent les premières mesures d’autotune, les biatch aux voix de velours et les refrains mélos. Là survient le véritable problème de B2O : celui-ci passe sa carrière à avoir le cul entre deux chaises ; coincé d’une part dans un aquarium français jugé trop petit pour ses grandes épaules, mais surtout condamné à toujours évoluer dans son pays natal car son passeport américain le ferait entrer en concurrence avec le top de l’attitude hip-hop d’outre-Atlantique, là où celui-ci serait mangé tout cru par la toute-puissance de la Big Apple (il suffit de voir à quel niveau d’intensité évoluent Young Jeezy ou Gucci Mane).
Mais une fois ces considérations reléguées au rang d’anecdotes (ce qui paraitra difficile pour certains), le bon son de Boulbi peut s’apprécier une fois le soundsystem poussé à son maximum, jusqu’à nous faire oublier les quelques approximations dans le calage du beat. Car Booba, amuseur public ou non, sait aussi se montrer puissant dans les moyens développés pour plaire. Autopsie Vol.3 c’est tout ça : une team bien imprégnée de son trip, qui ne doute de rien et qui propose son hip-hop aux grosses infrabasses, rempli à ras-bord de punchlines dont la percussion va du plus insignifiant au plus ravageur (le hargneux « Démarrer » de Seth Gueko). Loin d’être une grande entreprise, cette nouvelle tape se pose comme une friandise, qui a bon goût parfois mais toujours a la limite de l’indigestion. À boire et à manger donc.