1961
Last Step
Si Aaron Funk est mondialement connu comme le prince du breakcore acid avec son pseudonyme Venetian Snares, il est probable en revanche que vous n’ayiez jamais eu vent de Last Step, pseudonyme plutôt confidentiel du génie canadien. Le concept est simple : là où Venetian Snares maltraite avec insistance un amen break ultra véloce, Last Step opte pour un contenu 100% acid. Sortez les TB-303 et les Moog, ça va swinguer ! Des batteries sèches et râpeuses aux éruptions synthétiques en permanentes digressions, tout y est pour passer une heure de pur fun autour de notre apôtre canadien.
Le titre « My Home Recordings » résume d’emblée l’esprit du disque : Aaron Funk prend le temps de prendre son temps et retourne à ses premiers amours, à savoir une acid house juvénile et pleine de rebondissements. Les amateurs des longues lignes acid qui avaient apprécié la série des Analord par le gourou AFX ne manqueront pas de faire le lien entre Last Step et la foisonnante collection de maxis que Richard D. James nous avait concoctés pour l’occasion. Car Aaron Funk, tout comme AFX, privilégie des squelettes rythmiques plus dépouillés que sur leurs projets principaux, faisant ainsi ressortir les possibilités infinies qu’offrent boîtes à rythme et claviers analogiques une fois mis l’un dans l’autre. Placez cette configuration simple dans une inspiration funky (voire carrément disco) et vous obtenez douze pistes sautillantes, frénétiques et bien entendu mélodiques à souhait, preuve à nouveau que ces producteurs acharnés demeurent les meilleurs au moment de faire du neuf avec du vieux. Bien conscient que pour certains ce genre d’exercice s’annonce comme une redite de plus à leur tableau de chasse acid house, je ne saurai que persister en conseillant à tous une écoute attentive de ce disque car si ce genre d’essais pullule (ou a pullulé plutôt), l’esprit de fête et de camaraderie n’a jamais été aussi exacerbé que sur ce 1961.
Au royaume du kitsch, Last Step impose donc un disque inspiré, multidirectionnel et avant tout festif, et qui devrait au final séduire un large public en raison de son accessibilité déconcertante. Une accessibilité qui n’efface pas la patte définitivement unique du producteur canadien et qui expose de manière univoque les multiples talents qui habitent Aaron Funk. Pourquoi finalement faire compliqué quand on peut faire simple ?