637 GB de jazz en free download: on vous aide à vous y retrouver dans cette mine d'or
Sur son épitaphe, on pourrait lire de David W. Niven (1930-1993) qu'il était un fou de jazz doublé d'un méticuleux archiviste. Inutile de googler son nom, on n'y apprend rien de plus que sa condition d'honnête professeur dans le New Jersey. Mais s'il apparaît aujourd'hui dans nos colonnes, c'est que le bonhomme, à la nuit tombée, fréquentait assidûment les clubs de jazz et avait pris la bonne habitude avec son enregistreur de bandes de capter les concerts auxquels il assistait.
Via le très riche site archive.org, tous les enregistrements de Niven sont désormais accessibles et téléchargeables gratuitement. Chacune des 650 "tapes" disponibles ici ont été numérisées avec soin et constituent désormais une mine d'or pour les fans d'"early jazz". 1000 heures d'inédits, 637 GB que Niven laisse en héritage.
Concrètement, chaque bande est soigneusement datée et disséquée titre après titre et la voix de Niven nous présente pour chacune d'elle le line-up complet.
Au gré des découvertes, on peut entendre une émouvante version du Billie's Blues de Billie Holiday (tape 6), une superbe interprétation de This is the Thing de Chet Baker de 1964 (tape 7), un enregistrement de 1971 de Thelonious Monk accompagné du génial batteur Art Blakey (tape 5) et un concert de Clifford Brown donné à Paris en 1953 où l'on retrouve Pierre Michelot, inoubliable bassiste d'Ascenceur pour l'échafaud (tape 3).
Pas moins de 120 bandes consacrées à Duke Ellington nous apprennent également que Niven était certainement un grand admirateur du pianiste new-yorkais. Tout comme il vénérait (et on le comprend) Charlie Parker dont on retiendra cette tape 5 de 1950 à la qualité plus douteuse mais qui témoigne parfaitement de l'ambiance qui régnait à l'époque dans les boîtes de jazz.
Toute l'histoire du jazz originel se déroule donc dans nos oreilles, du Dixie au Bop en passant par le Jazz New Orleans, le jazz vocal, le Swing et le jazz modal. Beaucoup de grands noms et de standards dans des versions inédites qui raviront les amateurs. On regrettera juste que Niven n'était sans doute pas très sensible à l'avant-garde car à l'époque sévissaient aussi non loin de chez lui Sonny Rollins, John Coltrane, Sun Ra ou Ornette Coleman... Mais c'est une autre histoire.