Relapse
Eminem
Il aura fallu cinq longues années pour que Eminem revienne aux affaires. Handicapé par de multiples problèmes de santé, de drogue ou de femmes, il est évident que Marshall Matters s'est perdu depuis la sortie de Encore. Aujourd'hui remis sur pied, il revient pour ce sixième album fortement attendu par une communauté de fans toujours vivace. L'homme a ses partisans, c'est une évidence, mais, pour les autres, l'intérêt de cet album se situe surtout sur la prestation de Dr Dre, producteur de la quasi-intégralité des morceaux de l'album.
Il faut bien avouer qu'Eminem, son flow, ses textes et son univers, c'est surtout un truc de fan. Le rappeur de Detroit est de ces artistes qu'on aime ou qu'on aime pas. Les amateurs seront comblés: on retrouve la verve, le débit de mitraillette et les lyrics provocants du blondinet ayant fait sa gloire à de multiples reprises. Le single "We Made You", par exemple, est une énième diatribe envers l'Amérique bien-pensante. Bref, rien de neuf sous le soleil, on laissera l'analyse détaillée des lyrics aux amateurs.
Autant le dire, on ne trouve rien de bien neuf dans le personnage du Slim Shady: c'est toujours un peu la même chose. Là où ça varie, c'est dans la production. Pour la première fois depuis bien longtemps, l'illustre Dr Dre prend en charge la quasi-intégralité des productions faisant de ce "Relapse" un test grandeur nature dans la perspective du retour du Docteur, attendu comme un Messie depuis bientôt 10 ans.
Malheureusement, peu de clefs sont disséminées ici: Dre, comme à chaque fois, se met au diapason d'Eminem et de son univers. La copie est très propre mais on ressent finalement assez peu la patte inimitable du beatmaker californien. Quelques morceaux efficaces comme "Old Times Sake" (proche du "30 Something" de Jay-Z sur son dernier album) ou "Crack A Bottle" nous rappellent un peu pourquoi on bave à l'idée d'entendre un jour le fameux Detox (prévu pour cette année, ou pas...) mais on est pas encore vraiment dans l'orgasme auditif.
Non, Dr Dre nous propose ici un petit apéritif musical, il faudra encore attendre pour savoir où il en est musicalement. Eminem, lui, assure le coup sur ce Relapse assez efficace. Sans vraiment remettre en question sa formule, il nous propose un album solide, dans la droite lignée de ses sorties précédentes. Quand on sait d'où il vient, on peut largement admettre que l'homme est doué pour avoir su composer cet album d'honnête facture. En outre, le retour massif de la "trinité Aftermath" (Dre/Eminem/50 Cent) est, malgré tout le mal qu'on peut parfois en penser, plutôt une bonne nouvelle pour un hip hop US en mal de superstars.