Bal Blanc: Caribou, Four Tet & Jamie XX
Grand Palais (75), le 21 juin 2012
En France, la fête de la musique est souvent l'occasion de s'estropier un tympan au détour d'une reprise foireuse d'Europe ou des Guns'n'Roses réalisée par un congrès d'adolescents pas franchement musiciens. Mais c'est parfois aussi l'occasion de tomber sur de bonnes surprises, au détour d'une scène ou d'une autre, ou d'assister à des prestations uniques : à ce petit jeu, l'association formée par We Love et The Creators Project a eu le nez fin en faisant coïncider l'évènement avec la clôture de l'exposition Monumenta au Grand Palais de Paris pour la deuxième fois. C'est ainsi un chouette trio, Caribou, Four Tet & Jamie XX qui succède au set donné l'an dernier par Richie Hawtin, qui va s'aventurer dans un versus "son et lumières" qui aura soufflé le froid et le chaud six heures durant, sans jamais se révéler toutefois à la hauteur de son alléchante affiche. On s'explique.
Question convivialité, on ne pourra pas blâmer les organisateurs d'avoir vu les choses en grand: que ce soit concernant le dress code blanc, l'inventif éclairage savamment orchestré par 1024 Architecture ou encore l'expérience proposée par l'acoustique quelque peu chaotique du Grand Palais, tout à été mis en oeuvre pour permettre à la poignée de chanceux ayant pu se procurer non sans difficulté une invitation de sentir que le jeu en valait la chandelle. Alors certes, on posera un petit bémol en ce qui concerne les tarifs un brin exagérés proposés par le bar, mais c'est au final bien faible en comparaison de l'enchantement que l'on prendra à attarder nos mirettes aux quatre coins d'une salle magnifiquement habillée de bout en bout. Là où l'on a moins envie de faire preuve de clémence, ce sera concernant le spectacle décevant que les têtes d'affiches auront livré à un auditoire restreint, et parfois prêt à toutes les concessions pour se donner l'illusion d'assister à quelque chose d'exceptionnel : abandonnant toute idée d'esthétique et de cohérence, le set technoïde et résolument frontal proposé par les trois lurons peinera à nous passionner réellement, la faute à un flagrant manque de concertation, de technique ainsi que d'une absence surprenante de fan-service de la part de producteurs aux univers musicaux pourtant confondants. Flemmard et poussif malgré l'heureuse présence d'highlights - citons le "Retribution" de Pinch ou encore le "So Will Be Now" de John Talabot - c'est plein d'espoir que l'on s'élancera sur la piste centrale à la recherche d'une lueur dont l'absence nous fera rebrousser chemin à de multiples reprises, comme si les maîtres de cérémonie nous poussaient constamment à nous attarder du côté des fantastiques jeux de lumières qu'offrait l'exposition. On quittera quatre heures plus tard un palais d'ores et déjà bien vidé, mais avec des étoiles colorées dans les yeux malgré la sensation désagréable que l'évènement aurait pu être bien plus fort que ça.
Le visuel aura finalement plutôt bien su compenser le sonore, mais difficile de faire oublier un set aussi brouillon et complexé de la part de trois bougres que l'on chérit et d'ordinaire pourtant doués pour compiler de chouettes pistes. Reste que l'exceptionnel cadre de ce Bal Blanc nous donne bien envie de récidiver dans l'optique où une édition 2013 devrait avoir lieu, avec l'espoir que le son saura cette fois-ci se révéler à la hauteur d'une organisation aussi exceptionnelle et chaleureuse et que les invitations seront un brin plus accessibles cette fois-ci.