Phoenix : Liberté, Égalité, Phoenix
Collectif
Au début, ce n’est pas sur leurs terres natales que les Versaillais de Phoenix ont connu le succès. Plutôt populaires au Royaume-Uni, ou au Japon, c’est à la faveur d’un passage assez improbable et inattendu dans une mythique émission américaine, le Saturday Night Live, que la carrière de la bande à Thomas Mars a connu un immense coup d’accélérateur, par après confirmé par la sortie de l’album Wolfgang Amadeus Phoenix, propulsé par ses singles imparables, avec une production impeccable signée Philippe Zdar.
Ayant donc été longtemps boudés par le public hexagonal, on ne s’étonne qu’à moitié de voir que Liberté, Égalité, Phoenix ! ne soit pas publié par une maison d’édition française, mais bien par la prestigieuse maison new-yorkaise Rizzoli, à laquelle on doit souvent des objets littéraires qui valent tout autant pour les choses qu’on y lit que pour l’objet que l’on tient entre les mains – cela joue sur le prix, vous vous en doutez. Liberté, Égalité, Phoenix ! n’y coupe pas et s’inscrit dans cette tradition, qui allégera votre portefeuille d’une petite cinquantaine d’euros.
Ce beau-livre est donc l’occasion pour le groupe de vider ses tiroirs, au sens propre comme au sens figuré : riche en photos inédites (du groupe, de ses effets personnels ou de son matériel). Porté à bout de bras par la journaliste Laura Snapes (Pitchfork, The Guardian), il opte pour la formule de l’histoire orale, structurée en grands chapitres correspondants aux différents albums du groupe, et donne la parole aux quatre Versaillais, bien sûr, mais également à de nombreuses personnes qui les ont fréquentés de très près. Pour les non-anglophones, ce format a l’avantage de proposer un récit oralisé au possible, qui ne s’offre donc pas dans une langue trop complexe. Pas besoin ici de lire entre les lignes ou de chercher les détails dans les sous-entendus, tous les intervenants racontent les choses telles qu’elles se sont passées, avec des mots finalement très simples.
C’est dans ce contexte que l’on découvre l’intimité de Phoenix et que l’on observe une trajectoire assez unique pour un groupe français, entamée en totale autarcie dans une cave parisienne, en pleine folie French Touch, dans une méfiance absolue des labels, pour se terminer sur la scène principale de Coachella, en tête d’affiche d’un des festivals les plus importants du globe. Mais surtout, ce livre vient confirmer l’image que l’on se faisait du groupe : celle d’une bande de types aussi humbles qu’ambitieux, parfois un peu débordés par ce qui leur est arrivé.
COLLECTIF, Phoenix : Liberté, Égalité, Phoenix.
New-York, Rizzoli, 2019, 240 p.