Autobiographie
John Cage
Des biographies de compositeurs ou de compositrices, il y en a des tonnes ; des autobiographies aussi. Si bien qu’à la lecture de l’ouvrage tout bêtement intitulé Autobiographie de John Cage, ce qui nous saute aux yeux, c’est plutôt tout ce que ce texte n’est pas. John Cage n’a pas tenu à mettre sur papier un récit précis et factuel de son existence. Et Autobiographie n’est clairement pas un de ces longs textes après la lecture desquels on sait tout de leur auteur. Court, percutant, léger, il est une percée dans la vie intellectuelle et artistique de Cage.
Presque chronologiquement, il y tisse des liens allant vers d’autres artistes, musiciens, danseurs et intellectuels qui l’ont aidé à se construire. À son image, cette trajectoire éclaire le passage unique d’un électron libre dans un moment clef de l’histoire des musiques composées. John Cage a décidé d’être un compositeur avant de savoir composer, et c’est avant tout cette personnalité si déterminée, si curieuse et prête à donner tout son être à l’art qui a convaincu Schönberg de lui donner des cours. À partir de là, tout s’enchaîne pour celui qui deviendra l’ami de Merce Cunningham, de David Tudor et de tant d’autres.
On le découvre dédié à sa musique, à tel point qu’il est capable de s’en échapper : ce voyage hors du son, ce sera celui qu’il consacrera à Marcel Duchamp, à l’apprentissage du zen, et à l’élaboration dans cette grande concertation synesthésique d’un « 4.33 » qu’il considère lui aussi, d’une certaine manière, comme l’aboutissement de sa carrière. Alors, quoiqu’imprécis, quoique court, ce texte (dont l’éditeur nous gratifie d’une version originale plus qu’utile) est une aussi bonne façon d’entrer dans la musique de John Cage que dans l’esprit de celui qui était incapable de détacher la musique et la vie.
CAGE (John), Autobiographie.
Paris, Allia, 2019, 64 p.