Jeunes Pousses vol. 8
Pour lire les morceaux sur cette page, vous devez posséder flashPlayer et autoriser javascript
Huitième volume des compilations Jeunes Pousses. Déjà. Le principe est le même : des découvertes, des coups de cœur… Des artistes que nous avons envie de défendre, pour des raisons qui ne regardent que nous, mais qui vous paraîtront assez évidentes. On pourrait penser que donner vie à cette compil' est une partie de plaisir. Qu'il suffit de mettre bout à bout ce qui traîne dans notre iPod depuis quelques semaines, et combler le tout avec une poignée de groupes méconnus dénichés sur des blogs encore plus obscurs. Sauf que non. Cette huitième édition des Jeunes Pousses, comme les autres, se veut réfléchie. Il y eut beaucoup de discussions, de débats houleux. Pour pouvoir vous offrir une sélection éclectique, curieuse. Et qui, on l'espère de tout cœur, saura répondre à vos attentes. Bien sûr, vous y verrez du superflu, du moyen, du hautement dispensable. Vous pourrez même vous écriez « c'est quoi cette merde !!! » au détour d'un accord. C'est le jeu. On le sait. Mais honnêtement, nous serons heureux si vous trouvez ne serait-ce qu'une chanson pour vous accompagner pendant une journée, une semaine, ou une année. La pop de Granville, le rock de The Minutes, le punk de Le Butcherettes, l'electro de 120 Days… Eux sont à nos côtés depuis un certain temps déjà. Et n'iront nulle part avant la neuvième édition.
-
120 Days
Dahle Disco
Notre rédaction a déjà croisé la route des mecs de 120 Days. C'était en 2007, et les Norvégiens ouvraient pour ces fous-furieux de !!! (chk chk chk) à l'Ancienne Belgique de Bruxelles. Pour être honnêtes avec vous, on n'avait pas gardé un souvenir impérissable de leur prestation, mélange de prog rock, de gros rock pas toujours bien dégraissé et d'electro apocalyptique. Dans l'intervalle, un certain Hans-Peter Lindstrøm est passé par là et s'est assis derrière la table de mixage de leur nouvel album, II. Et le résultat est pour le moins ébouriffant, avec des claviers nu-disco qui vous en foutent plein les mirettes et catapultent le rock de 120 Days dans la stratosphère. Meilleur exemple de ce ravalement de façade, « Dahle Disco » va taper dans les dix minutes de bonheur. Attachez vos ceintures les loulous.
www.120days.no
Lire le fichier -
Young Dreams
Young Dreams
Sur leur page Facebook, les Young Dreams affirment pratiquer une « pop tropicale ». A la grande époque de MySpace, la blague était récurrente, et c'était à celui qui trouverait la combinaison de genres la plus improbable. MySpace est mort et (presque) enterré, mais la tropical pop semble avoir de beaux jours devant elle. C'est en tout cas ce que l'on se dit après seulement quelques notes de « Young Dreams ». Inspiré par Brian Wilson et Phil Spector, le trio aime ce qu'il voit dans son rétroviseur. Mais n'en oublie pas pour autant de regarder devant lui. Et l'on imagine que ce qu'il y voit est au moins aussi beau que ce qu'il donne à entendre. Soit, on imagine des mariachis dans le désert au soleil couchant, festoyant en compagnie de Dali et de Nancy Sinatra. Va savoir. Une chose est sûre: on n'imaginait pas les Norvégiens avoir le sang aussi chaud. Et quand ils chantent « We'll live forever », bien naïvement, on a envie de les croire.
www.youngdreams.no
Lire le fichier -
Leaf House
Frightening
Ce trio made in Liège ne s'en cache pas: Animal Collective et Grizzly Bear se cachent derrière leurs chansons. Loin de nous l'idée de crier au plagiat, ou même de n'y voir qu'une pale copie sous influence. Chez Leaf House, le contenant (ces ambiances vaporeuses, ces titres qui prennent leur temps) ne parasitent jamais le contenu (des mélodies qui prennent à la gorge). La Belgique devrait bientôt être trop petite pour eux.
-
Murder Mystery
Change My Mind
Quand débute ce « Change My Mind », la première chose qui nous accroche directement l'oreille, ce sont ces claviers carrément cheesy et qu'on pourrait rejeter en bloc s'ils n'étaient pas éclipsés par une mélodie pop d'une rare efficacité. Et c'est peut-être là tout le talent de ces quatre New Yorkais que nous avons découvert au hasard de nos pérégrinations sur Bandcamp: réussir à sonner dans bien l'air du temps malgré des modèles qui semblent sortis tout droit d'une époque où la majorité de nos lecteurs n'avait pas encore mué. Le reste de leur EP est disponible gratuitement, alors faites-vous plaisir.
www.murdermysterymusic.com
Lire le fichier -
Manceau
Full Time Job
Rarement étiquette « pop » n'aura aussi bien collé à un groupe. Quand Manceau ose la reprise, c'est à Supergrass qu'ils s'attaquent. Quand ils rentrent en studio pour bosser sur leur premier album, c'est avec Tahiti 80. Un ADN pop donc, pour ce quatuor de Rennes. Des potes des Juveniles aussi, que l'on ne remerciera jamais assez de nous avoir aiguillé vers ce « Full Time Job ». Ceux qui penseront à Phoenix n'auront pas complètement tort. Mais l'inspiration de Mars et sa bande est moins dans les nappes de synthés que dans cette volonté de toucher le plus grand nombre. America here we come?
-
Swann
Loneliness (demo)
Depuis le temps qu'on la voyait arpenter tout ce que Paris compte de clubs et de petites salles, on se doutait bien que ce joli minois et cette voix d'ange allaient un jour trouver son public. La demoiselle venant de rejoindre le label Atmosphériques, il ne manque plus qu'un album pour concrétiser tous les espoirs que nous avions placé dans ses ritournelles folk pour cœurs meurtris. « Loneliness », dans sa version démo, n'est qu'une preuve parmi tant d'autres que nous avions raison d'avoir mal.
swannshome.blogspot.com
Lire le fichier -
Fauve
Kané
Fauve, c'est une histoire de potes. Trois amateurs de pop et de mélodies qui décident un jour de s'y mettre. Parce qu'après tout, il doit bien être possible de conjuguer avec classe le phrasé timide d'Arnaud Fleurent-Didier et quelques accords british. Ils citent comme influences Odd Future et Wu Lyf. Pour les seconds, on leur pardonne. Pour le reste, c'est un sans faute. Jusque dans le clip de « Kané », tourné au bord de la mer, lors d'une partie de pêche, et qui illustre à la perfection le morceau. Il y est question d'évasion, en gros. Moins parlés que chantés, les textes, simples mais pas simplistes, parlent de Lennon et de déception amoureuse. Des thèmes universels en somme. En 2012, on attend beaucoup de ces fauves.
-
Granville
Le slow
Difficile de ne pas, chaque semaine, s'arrêter bouche bée sur un groupe issu de la scène caennaise. Comme si monter un groupe mettait moins de temps que maîtriser les accords barrés. Derniers rejetons apparus: Granville. Trois mecs, une fille. Une voix d'ange, échappée des années 60. La vidéo de leur single "Le Slow" joue la carte du cinéma de Rohmer, des boums à l'ancienne et des amours déçus. S'il est trop tôt pour juger du bien fondé de notre relation avec eux, les Granville devraient malgré tout confirmer cette année. Spoiler: grosse maison de disque sur le coup.
-
Spanish Prisoners
Slow Decay
Ne vous fiez pas à ce nom: les Spanish Prisoners sont des esprits libres, et viennent de Brooklyn. Voilà la vérité rétablie. D'espagnol, ce quatuor n'a pas grand-chose, si ce n'est quelques riffs aux accents hispaniques. Et ça s'arrête là. Sorti en octobre, leur premier album témoigne d'un véritable amour pour les mélodies étalées, qui prennent leur temps. Lookés bien comme il faut, les cinq gaillards se font rapidement un nom dans leur village sur la foi d'une poignée de chansons et avec l'aide de quelques blogs. Un groupe des années 2010, en somme. Pour eux, le plus dur reste à faire. S'extirper de la masse, car à Brooklyn, ce ne sont pas les bons groupes qui manquent. Promouvoir cet album sur scène, où tout prend sens. Et signer d'autres morceaux du niveau de « Slow Decay ».
-
Mina May
Think Twice
Si je vous dis guitares post-punk, claviers quasi religieux et voix sérieusement nasillarde, vous me répondrez Clinic si vous avez un tant soit peu d'éducation musicale. Et bien éduqués, les Marseillais de Mina May le sont à n'en point douter. La preuve en force avec le titre « Think Twice », tiré de leur premier album et sur lequel ces jeunes gens font montre d'une science parfaitement maîtrisée du crescendo qui vous retourne les tripes en quatre minutes chrono. Et le reste du disque étant du même tonneau, vous vous doutez qu'on vous conseille très vivement d'approfondir le sujet avec toute l'attention qu'il mérite.
www.myspace.com/minamaymusic
Lire le fichier -
Le Butcherettes
Henry Don't Got Love
Déjà cinq années que Le Butcherettes pratique son punk aux côtés de tout ce que le Mexique compte de plus underground. Petit à petit, le son s'affine et le duo s'extirpe de la masse. Aidé de l'ami Omar Rodriguez-Lopez (The Mars Volta, At The Drive-In) qui produit leur premier album et le sort sur son propre label, Le Butcherettes (ce nom !) s'impose en première partie des Deftones (entre autres). Voilà pour la petite bio. Musicalement, pas grand-chose à dire. Un rock couillu, entre L7, les Yeah Yeah Yeahs et les Pretenders. Un petit quelque chose, un petit on-ne-sait-quoi qui rend « Henry Don't Got Love » salement attractif, addictif même. Une histoire d'amour comme on en raconte chaque semaine pourtant. Allez comprendre.
-
The Wha's
The Waste Land
En recrutant deux groupes finlandais pour le volume 7 de Jeunes Pousses, nous avons gaiment poussé les portes d'une scène carrément méconnue par chez nous mais pourtant digne d'intérêt et d'un niveau de qualité assez semblable à ce que l'on peut entendre chez les autres voisins nordiques, autrement plus médiatisés eux. Coup de projecteur cette fois sur The Wha's, groupe revendiquant l'influence de The Clash, The Strokes et The Smiths, et dont le rock un peu punk et très engagé est d'une rare efficacité. La preuve avec l'hymne anti-raciste « The Waste Land », titre idéal pour bien cerner The Wha's.
soundcloud.com/thewhas
Lire le fichier -
DZ Deathrays
Gebbie St.
Si les deux zigues de Death From Above 1979 ont décidé de refaire parler la poudre en 2012, les déflagrations seront purement scéniques. Alors pour se prendre en pleine tronche le genre de sauvageries auxquelles nous avaient habitué les Canadiens, on va voir du côté de l'Australie et de DZ Deathrays. C'est depuis Brisbane qui Shane Parsons et Simon Ridley font du boucan pour 10 et nous abreuvent de riffs salaces qui vous engluent les méninges. Comme sur ce « Gebbie Street », imparable single qui en dit long sur les capacités du duo à nous faire frémir.
-
Thee Marvin Gays
Gotta Go
Il y a quelques semaines, un article parlant des Thee Marvin Gays commençait ainsi : « I'm tired of referencing the Black Lips all the time. It always seems like such a cliché thing to do when writing a review but I can't help it when the Atlanta band seems like such a big influence on so many bands today ». Merde, on ne peut donc pas citer les Black Lips en parlant de Thee Marvin Gays. Pourtant, ce ne sont pas les points communs qui manquent. Mais insister sur les similitudes, en même temps, serait les faire passer pour de vulgaires copies. Sauf que non, il y a autre chose. Certes, c'est sale, fulgurant, ça ne s'embarrasse pas de détails. Mais les Thee Marvin Gays méritent mieux qu'une simple étiquette de Black Lips belge. Le quatuor tournaisien cultive un amateurisme rafraîchissant, tout en donnant à chacun de ses accords une urgence, une envie. Et sur leur photo de profil Facebook, on peut voir Steven Seagal avec un panda. Ces gens ont tout compris.
-
The Minutes
Gold
Peu de gens se souviennent aujourd'hui de Danko Jones, et c'est bien dommage. Il y a quelques années, ce groupe enchaînait les singles, tous plus sales les uns que les autres. Peut-être continuent-ils aujourd'hui, mais on ne fait plus trop attention. On pourrait craindre le même destin pour The Minutes. Look similaire (boots et barbes entretenues), même envie d'en découdre en trois minutes avec toute la discographie des Stooges… Made in Dublin, ce rock sait où il veut aller, et ne s'embarrasse pas de quelconques fioritures ou de prétention mal placée. Pour le trio, le rock est sans doute mort en 1977. On ne se plaindra pas de les voir courir après son fantôme.