Jeunes Pousses vol. 10
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Et de dix! Et croyez-nous, la bande d'amateurs que nous sommes n'est pas peu fière. Quand on se dit que des gens comme BRNS, FAUVE, Baden Baden, HAIM, Aline, Granville, Petite Noir ou les Lower Dens sont tous passés par la case Jeunes Pousses à un moment donné de leur jeune carrière, on a de quoi être fiers de notre nez creux. Comme on a le droit d'être fiers de vous, qui nous avez toujours soutenus dans une entreprise nécessitant une force de conviction autrement plus importante qu'on ne l'avait imaginé en lançant le concept en 2009.
Pour ce dixième volume, on a voulu se la jouer thématique, en plus de se faire plaisir. Et se concentrer sur un pays que tout le monde connaît sans vraiment le connaître: l'Islande. L'Islande, ses paysages à couper le souffle, ses traditions millénaires, sa langue impossible et ses trois mêmes groupes dont on parle à longueur d'année comme s'ils étaient les seuls à valoir le détour. Pourtant, derrière les succès de Sigur Rós, Björk ou Emiliana Torrini se cache une scène bien vivace, qui mérite qu'on s'y intéresse au-delà des frontières nationales.
C'est partant de ce principe qu'avec l'aide de l'association Iceland Music Export, nous avons pris plusieurs semaines pour sonder la scène musicale islandaise et sélectionner quinze groupes qui, pris dans leur ensemble, vous donneront une idée un peu plus précise de ce qu'est vraiment cette scène indé islandaise à laquelle n'appartiennent plus vraiment les poids lourds susmentionnés.
Bonne écoute!
MÀJ : En raison d'un malentendu entre Iceland Music Export et le groupe Sykur, le titre "Messy Hair" de ces derniers a dû être retiré du tracklist de ce Jeunes Pousses vol. 10. Tant mieux pour les plus rapides d'entre vous. Pour les autres, vous pourrez bientôt retrouver le groupe sur le label Wall of Sound.
Lockerbie
Laut
On ne peut évidemment pas effectuer un tour d’horizon de la scène musicale islandaise sans tomber sur des continuateurs de Sigur Rós. Lockerbie est de ceux-là, mais, contrairement à beaucoup d'autres, le groupe parvient à l’être en le faisant oublier aussitôt. S’ouvrant toutes trompettes dehors sur un mode guilleret rappelant, à renfort de mélodica, les heures euphoriques d’un Jónsi, "Laut" évolue en se durcissant, jusqu’à se nourrir de guitares dignes d’Explosions in The Sky. Et au final, c’est aussi fraîchement naïf que solidement équilibré.
wwww.lockerbieofficial.com
Lire le fichierSin Fang
Young Boys
En gros, à peu près tous les membres du collectif Seabear s'épanouissent régulièrement en dehors de l'entité en question. Et Sindri Már Sigfússon, alias Sin Fang, est probablement celui qui remporte le plus de succès à ce petit jeu. Flowers est déjà le troisième album en solitaire de l'Islandais et on ne voit pas trop comment cela va s'arrêter vu les critères de qualité à chaque fois atteints par le songwriter. Chez Sin Fang, le folk est un peu débraillé, les nappes électroniques discrètes et le chant du genre à encourager au sing along un brin aviné dès que le refrain pointe le bout de son nez. Et avec un titre comme "Young Boys", on a bien envie de s'époumoner en sa compagnie.
www.heysinfang.com
Lire le fichierTilbury
Tenderloin
Une chose est sûre: les gars de Tilbury connaissent leurs classiques synth-pop. On se dit que ça pourrait être chiant, tomber dans l'eurodance. C'est au contraire suffisamment dépouillé et bien écrit pour qu'on se laisse bluffer et se mettre à hocher la tête en cadence. "Tenderloin" est le premier single issu de leur album Exorcise sorti l'an dernier et c'est du bel ouvrage dream pop. De ceux qui fait rapidement penser à Grandaddy. D'ailleurs, si le groupe de Modesto se cherche un successeur, il sait à quelle porte il peut désormais aller frapper.
Lay Low
The Back Bone
S'il y a bien une influence que l'on décèle assez peu chez les artistes islandais, c'est celle de l'Oncle Sam. On ne veut pas savoir ce que le tonton des Amériques a fait aux petits Islandais pour mériter cela, mais c'est un fait. Une qui semble avoir été épargnée par ce traumatisme, c'est Lovísa Elísabet, mieux connue chez elle sous le nom de Lay Low. Et même si ses nouvelles compositions prennent une légère tournure trip hop, il y a dans cette voix rocailleuse vectrice de pas mal d'émotions fortes un amour pour le folk et le blues d'outre-Atlantique. Reykjavik / Memphis avec une escale à Bristol. Plutôt tentant comme itinéraire non?
Útidúr
Fisherman's Friend
"C’est Beirut, non ?" est l’une des réactions les plus fréquentes lors de l’écoute des premières mesures de ce titre. Mais, tout en revendiquant et assumant l’héritage qu’ils doivent à la bande à Zach Condon, les membres d’Útidúr (prononcez "ooh - detour") ne se contentent pas de faire dans la pauvre resucée dénuée de la moindre ambition. Si le joyeux bordel de cuivres et de cordes qu’ils constituent se révèle excellemment orchestré, c’est aussi par la richesse d’une polyphonie vocale mixte que le groupe se distingue. Et encore, on ne vous a rien dit de cette petite violoniste sous le charme de laquelle on ne peut que tomber...
Samaris
Góða tungl
Si on ne peut pas écarter l'influence que Björk a pu avoir sur un groupe comme Samaris, en particulier au niveau du chant et du traitement de la voix, sa musique s'égare rapidement vers une electro downtempo tout en boucles, distillant une mélancolie à couper au couteau le long du bel EP dont est tiré cette petite pépite, "Góða tungl". Une musique organique qui fout des frissons et touche directement au coeur.
Pascal Pinon
Þerney (One Thing)
Pascal Pinon, c'est un peu le George Sand de la pop islandaise : derrière ce patronyme masculin, qui appartenait à un Mexicain exhibé comme bicéphale lors de freaks shows, se cachent en réalité deux demoiselles fragiles - dont l'une, Jófríður, officie également comme chanteuse au sein de Samaris, également présents sur ce volume des Jeunes Pousses. Leurs murmures se mêlent harmonieusement sur des mélodies délicates, où les claviers et cordes se soutiennent mutuellement. On se prend naturellement à penser à Azure Ray et à Au Revoir Simone. Et on se dit que ce genre de titre pourrait se révéler indistinctement la B.O. de nos dimanches gris et de nos aubes d’été amoureuses.
Borko
Born to be Free
Ne vous fiez pas à la tête de Björn Kristiansson, alias Borko, qui vous fera penser soit à un vieux théoricien marxiste hongrois ou à un pervers exhibitionniste à imperméable. Et même si le clip et les paroles de "Born To Be Free" ne nous rassurent pas vraiment quant à la santé mentale de son auteur (qui est pourtant déjà l'auteur de deux albums, de musiques pour le cinéma et le théâtre, et également prof de musique à Reykjavik), on ne peut qu'être séduit par ce qui commence comme une petite ritournelle folk et se conclut en véritable symphonie de poche.
For a Minor Reflection
Impulse
Autre groupe qui a fait ses premières armes dans le sillage de Sigur Rós, For A Minor Reflection a assuré leurs premières parties dès 2008. Chantres d'un post rock cristallin dont cet "Impulse" est le parfait exemple, le combo convoque les mânes de Mogwai période Young Team, avant d'envoyer la sauce sans fioritures mais tout en conservant un sens mélodique hors du commun. Avec déjà deux albums à son compteur, ce groupe loin d'être mineur qui pourrait exploser dans les années à venir est à surveiller de près.
Dead Skeletons
Dead Mantra
En près de neuf minutes, ce titre des Dead Skeletons risque de ravir les amateurs de B.R.M.C. On n’y voit pas grand-chose à cause de la fumée de clope et des lumières tamisées, mais on y sent la sueur, la bière et la poussière qui colle aux semelles. Hypnotique et puissant, multipliant les distorsions et offrant un cortège de voix chaudes aussi mêlées qu’effacées, “Dead Mantra” pourrait servir d’idéaltype à la définition du shoegaze.
Rökkurró
Sjónarspil
Portée par de délicats arpèges de guitare acoustique, une frêle voix aiguë qui chuchote presque et de douces nappes, on ne voit pas vraiment venir le tumultueux refrain de "Sjonarspil", lyrique et puissant à souhait. Rökurro semble donc capable de souffler aussi bien le chaud que le froid sans vraiment choisir entre les deux, ce qui, il faut bien le reconnaître, fonctionne plutôt bien sur ce titre.
rokkurro.tumblr.com
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Crack in a Stone
S’il ne jouit pas encore du large succès qu’il mérite, Hjaltalín est sans doute le groupe le plus réputé de cette sélection islandaise. Forts de deux albums excellemment reçus par la critique locale et d’une solide expérience de la route, les sept viennent de livrer un nouveau LP, intitulé Enter 4. Rappelant çà et là Efterklang ou Alt-J, le rock mâtiné de folk qui s’y déploie progressivement allie la virtuosité à l’intensité et épate par sa finesse.
Prins Póló
Tipp Topp
Prins Póló est l’alias de Svavar Pétur Eysteinsson, un mec que l’on ne connaît évidemment pas. Et « Tipp Topp » est une chanson qui évoque ces gens qui tombent amoureux dans un vieux bar à sandwich de Reykjavik. Un sujet qui parle aux francophones, on n’en doute pas. Heureusement que la musique est universelle, que la langue islandaise est magnifiquement envoûtante quand elle est chantée et que Prins Póló est le genre de mec qui aime pondre des comptines folk-pop tout en retenue et en élégance pour notre plus grand plaisir.
Who Knew
Echoes
Dans le joli clip de "Echoes" on voit de jeunes enfants jouer à la guerre au fin fond d'une belle forêt, s'inventer de fausses blessures à l'aide de fils et rubans rouge et tomber au front en sautant sur des explosions de confettis. Il y a un peu de cela dans la musique de Who Knew, une certaine naïveté doublée d'un sens de l'emphase que renforcent ce chant en mode choral et ces guitares qui évoquent un peu The Besnard Lakes. Un beau titre, à la fois éthéré et puissant. Seul bémol à ces quatre minutes en apesanteur : le récent split du groupe...
www.who-knew.it
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