Goûte Mes Mix # 22 : Somaticae
Tracklist
- Wendy Carlos - Rocky Mountains (Warner Bros. Records)
- Tomo Akikawabaya - Mars (Castle Records)
- Nico - My Heart Is Empty (Beggars Banquet)
- Suicide - Harlem (ZE Records, Island Records)
- Mind Pollution - And They Can Be So Hungry They Kick You In Your Head Without Saying Sorry ( Irmgardz.)
- Esplendor Geometrico - La producción Sigue ( Linea Alternativa)
- Prurient - Watch Silently (Hydra Head Records)
- Kevin Drumm - Hitting The Pavement (Mego)
- Sonoio - See Yourself (Not On Label (Sonoio Self-released))
- Roly Porter - Giedi Prime (Subtext)
- Stanislav Tolkachev - Sometimes Everything Is Wrong (Subsist)
Notre rencontre avec Somaticae est tout ce qu’il y a de plus virtuel: autrefois potes sur un forum d'électroniciens geeks, on a très vite apprécié le jeune Français pour les albums qu’il filait gratuitement sur Brainstorm Lab. Un netlabel qui a abrité –com, Fur et Clar. Ces trois album/EP’s ont dessiné les contours d’un artiste mystérieux, et surtout surdoué techniquement: né des premiers émois ressentis sur les pulsations d’Autechre, Somaticae a vite viré ambient, puis electro-funk à la Drexciya, pour finalement devenir fou de pop synthétique et de j-pop magnifiquement niaise.
L’histoire d’un gars qui n’a jamais vraiment choisi entre l’IDM, les musiques binaires, les jolis claviers et les ambiances menaçantes. Si ces albums sont à conseiller – et on insiste, en plus ils sont gratuits – il semble que la véritable carrière du Somaticae 2.0 ici présent débute avec son passage dans l’écurie In Paradisum.
Que ce soit via des soirées (qui invitent des gens comme Ancient Methods, Ben Frost, Demdike Stare, Sandwell District et Rrose) ou le label, In Paradisium a délibérément pris le chemin des musiques électroniques sombres, techno, indus, noise, analogiques et acid. Un challenge de plus pour la jeune pépite, qui explique malgré tout très simplement l’évolution dans son parcours : « Pour moi ces genres ont des points communs puisqu'ils cherchent à surprendre l'auditeur. Ce sont des genres à placer dans le cercle des musiques froides et exigeantes qui souhaitent dépasser les limites. Au cours de différentes périodes de ma vie, j'ai aimé et j'aime toujours m'inscrire dans l'un ou l'autre de ces genres qui me passionnent. C'est vrai que je m'oriente de plus en plus vers l'ambient, la techno expérimentale, l'indus et le noise, qui restent des territoires créatifs encore vierges pour moi. »
In Paradisum a en effet décidé d’attirer l’auditeur vers le côté sombre du soundsystem, là où rien n’est déterminé, là où toutes les dérives sont autorisées. Si des labels comme Subtext, Stroboscopic Artefacts, Sandwell District, Perc Trax, Downxards ou Hospital Productions en ont fait leur cheval de bataille, ils peuvent maintenant compter sur un allié de taille avec la structure du grand Mondkopf – qui semble lui aussi prendre un tournant qui lui va à merveille.
Le premier EP de Somaticae sur In Paradisum, magnifique exercice de techno sombre, est conceptuellement proche de l’image renvoyée par cette sélection. Car ici, il ne sera point question de pulsation techno, ni d’abstraction IDM: tout tournera autour du drone, des grésillements, de la no-wave pour suicidaires. Un véritable concentré de noirceur qui s’écoute avec les oreilles grandes ouvertes. On est bien loin de l’univers lisse des charts Beatport. Certains nous diront qu’il paraît étrange que notre rédaction propose ce genre de sélection dans une section généralement destinée à faire bouger les culs. Et ils auront tort car aucune sélection n’a plus collé à notre amour des musiques de cave, notre obsession à défendre les choses violentes, crues, sans détour. Quoique vous en disiez, nous sommes aujourd’hui fiers de pourvoir vous envoyer dans les dents une sélection où se croisent des pontes du genre de Kevin Drumm, Roly Porter, Prurient ou Suicide. Le temps est venu de nous effacer, de laisser parler le géniteur de ce mix cruel et surtout de vous souhaiter de bien vous amuser. On ne sait jamais, que torturer des mouflons et violer des nains soit votre truc.
« Il ne me paraît pas illogique de sortir un mix noir et intime à travers le label de Mondkopf, surtout depuis son récent virage stylistique vers une musique plus sombre et violente. J'ai profité de l'ouverture d'esprit de son label pour sortir une sélection personnelle, qui comporte des morceaux qui m'ont tous beaucoup ému. Je crois qu'il y a toujours eu des courants de musique plus sombre, parfois underground parfois plus sur le devant de la scène, et c'est aussi vrai en ce qui concerne les musiques électroniques. Il s'agit de s'imposer en s'opposant, dans le but de faire avancer la musique. Et puis peut-être que les gens en clubbing n'ont pas qu'envie de se faire passer du baume par de la tech ou deep-house qui sort des tops de Beatport. C'est pourquoi je suis certain que beaucoup peuvent être séduits par des choses plus étranges ou agressives. »