Il était temps qu’on consacre un peu plus de temps à ce label que beaucoup tiennent proche du cœur – et donc de la platine. Ad Noiseam, ou l’émergence d’une nouvelle culture de l’electronica après les grands myhtes fondateurs des 90’s. Cette place de meilleur espoir s’est depuis bien densifiée, jusqu’à briguer une position de monopole (on ajoute Tympanik Audio et Hymen dans le lot) si on s’en tient à la pléthore de grands disques sortis sur la structure franco-berlinoise. Un ADN qui va de l’electronica pur jus au gabber, en passant par le dubstep ou l’ambient qui grésille. Une obsession pour les matières analysées et traitées au scalpel, une chirurgie de l’impossible qui opère sans relâche. On n’a pas résisté à l’envie de contacter Nicolas Chevreux, patron heureux de cette structure dorée, histoire de lui laisser carte blanche pour nous parler de son bébé en dix titres. C’est juste en dessous, et ça se passe de commentaires.
"Un ancien titre de The Outside Agency, issu de leur premier album /compilation, qui montre qu'ils sont bien plus qu'un simple projet hardcore: le beat est regulier, mais la mélodie acide est tirée d'une scène qui n'a en général rien à voir avec le hardcore. Et qui peut résister à un tel morceau?"
"Un morceau issu dernier album d'Enduser, qui montre bien les deux facettes de ce musicien: d'un côté les vocaux humains et touchants de Sol Thomas, et d'un autre, les percussions dures et basses profondes, créant un contraste que je trouve très intéressant."
"Nous ne sommes pas (que) des brutes chez Ad Noiseam. Et quand nous avons un groupe composé de trois producteurs de drum'n'bass, d'une chanteuse metal et d'un emcee hip-hop, ca donne du trip hop touchant mais cristallin. La preuve."
"Mais parfois, nous sommes tout de même des brutes, comme ici avec ce titre de l'Anglais Broken Note. Mais des brutes qui font dans le détail, dans les longues progressions et les contrastes saisissant. Une brutalité toute en finesse."
"Probablement le titre le plus connu de Hecq. Vu qu'il a été utilisé à la fois dans des pubs pour des voitures (Audi) et des jeux videos (Assassin's Creed), ce titre doit bien montrer le côté très visuel, cinématique, de la musique de Hecq, même quand elle est tout d'abord dirigé vers le dancefloor."
"Le "tube" d'Igorrr et son morceau le plus vicieux (jusqu'à la parution de son prochain album). Du clavecin, du breakcore, du vomi. Qui dit mieux?"
"Second collaboration de deux projets dubstep au coeur d'Ad Noiseam, le single "Riot" est à la fois un excellent titre pour le dancefloor et un joli example de mélange des sonorités dubstep anglaises et de leur pendants français. Deep mais brisé, puissant mais bien fait."
"Encore une démonstration de musique qui parle à la fois au cerveau et au ventre. Oyaarss est un parfait exemple de cette nouvelle scène électronique qui crée une musique particulièrement puissante, rugueuse et bruyante, mais qui le fait avec une approche très intelectuelle et réfléchie. Un grand morceau."
"Alors que le premier album de Subheim (Approach LP) était surtout synthétique, "Streets" est un témoignage de l'évolution de ce musicien vers des contrées plus accoustiques, avec ces sonorités jazz. Un titre à la fois abordable, envoutant et très mélancolique."
"Et pour finir en douceur et en France, voici une des chansons issues du dernier album du Parisien Raoul Sinier. Un peu torturé, un peu étrange, très original, et fait avec brio. Ca ne ressemble à rien d'autre, mais ça fonctionne à merveille."