Velociraptor!
Kasabian
En trois albums qui ont été autant de succès commerciaux retentissants, ces messieurs de Kasabian se sont imposés comme les plus grosses paires de baloches du rock britannique. Des types qui donnent certes l'impression d'avoir des egos surdimensionnés mais à qui l'on pardonne tout quand ils nous balancent à la tronche des tubes incontestables comme "Club Foot", "Where Did All The Love Go?" ou "Shoot The Runner". Des lads qui écrivent pour les lads et pas pour leurs nombrils. Bref, autant de raisons qui font qu'on aime Kasabian et qu'on se fout allègrement de la poire de ces couillons finis de Beady Eye.
En grand roi de l'esbroufe et en sa qualité de chouchou du NME, la tête pensante Sergio Pizzorno n'a pas manqué de s'épancher dans la presse sur le processus créatif qui a accompagné la naissance de ce Velociraptor!. On a donc entendu tout et n'importe quoi au sujet de ce disque, qui allait être tantôt "heavy", tantôt avant-gardiste. A jouer avec nos pieds, on n'avait fini par ne plus tirer de plans sur la comète, convaincu qu'à l'arrivée, Kasabian allait nous faire du lad-rock à la Kasabian, et que tout le monde serait plus ou moins content. Et bingo, c'est exactement ce qu'il s'est passé.
On retrouve donc sur ce quatrième disque à la production XXL (merci Dan The Automator, qui avait déjà fait des merveilles sur West Ryder Pauper Lunatic Asylum) les habituelles marottes du groupe dopées aux effets de manche racoleurs mais pas trop. Et vas-y que je te balance du rock de stade sans qu'on ne voie rien à y redire tellement c'est efficace, et vas-y que je regarde un peu dans le rétroviseur avec une petite ballade en forme d'hommage aux ancêtres de la pop psyché, et vas-y que je te fasse croire que tout ça est le fruit de savantes alchimies. Parce que finalement, c'est le canard anglais The Observer qui a le mieux cerné le groupe et nous en livre une description parfaite: "Kasabian remain a mash-up of Primal Scream, Happy Mondays and, of course, Oasis; one labouring under the delusion of being a little bit experimental". Tout est ici dit et il ne reste plus maintenant qu'à apprécier Velociraptor! comme on apprécie tous les disques de Kasabian: dans la capacité du groupe à créer un album foutraque de rock mal dégrossi qui suinte la perfide Albion par tous les pores, dégageant au passage une odeur prégnante de pinte tiède et de Benson & Hedges. Et en privilégiant surtout l'efficacité à l'originalité. Et il faut alors reconnaître à Kasabian une maîtrise plutôt parfaite de cette formule.
On aimerait (et on pourrait) critiquer Velociraptor! pour sa propension à être ultra-prévisible (son principal défaut) et parfois un peu léger au niveau de l'écriture, mais aussi complètement pompier et plein d'autosuffisance. Puis on comprend que c'est ce qu'on aime aussi dans un certain rock anglais à grosses ficelles, et là, on arrête d'intellectualiser le propos et on se laisse porter par les nombreux refrains fédérateurs de Velociraptor! Et on aime (souvent) ça. Et on en redemande.