Tarot Sport

Fuck Buttons

ATP Recordings – 2009
par Simon, le 1 décembre 2009
9

Dire qu’on attendait le nouvel album de Fuck Buttons au tournant ne serait pas mentir, surtout venant de la part d’un produit « Made in Pitchfork ». Bien, on ne reviendra pas sur le succès remporté et l’admiration concédés à un Street Horrrsing idéal, doux mélange de noise-pop et d’expériences « presque extrêmes ». Un an plus tard, les deux Anglais sont déjà de retour avec un nouvel album dont l’annonce officielle faisait immédiatement oublier qu’on attendait l’album de la confirmation. Comme si aucun écart n’était possible du côté des Fuck Buttons, comme si, avec raison, l’urgence de leur créativité leur donnaient à nos yeux une crédibilité sans borne. Il fallait donner de suite à la masse que nous sommes un avant-goût du Fuck Buttons 2.0. « Surf Solar » a donc débarqué et nous a jeté à la gueule un monstre de poids, hybride techno/shoegaze au limite de l’expérience physique, premier témoin à sortir de la machine à rêves anglaise. Le festival des médisants pouvait alors commencer. On  s’offusque de droite à gauche sur le nouveau tournant electroïde des deux savants, se demandant comment une force de la nature « noise/brutale/inflexible/sans cœur/… » telle que la leur pouvaient accoucher d’une génisse « dancefloor ». Ceux-là n’ont soit jamais vu Fuck Buttons en concert, soit jamais goûté à une véritable expérience noise.

Car s’il est vrai que Street Horrrsing empruntait des chemins plus escarpés pour délivrer leurs messages mélodiques, seule la forme a quelque peu changé ici : entre le premier album et son jeune frère, on découvre un allègement relatif de la brutalité de l’évocation, non un changement de direction. Car finalement, Tarot Sport n’est pas moins psychédélique qu’un Animal Collective nouveau cru, ni moins geek qu’un Dan Deacon en pleine transe ou encore une formation moins puissante qu’un Mogwai en pleine possession de ses moyens. Et là où les oreilles de la ménagère aigrie regardent le résultat avec dédain, les auditeurs affûtés se régalent sans réserve au son d’une électronique d’artisan, foncièrement puissante et libératrice. On a certes perdus quelques borborygmes hurlés au passage, mais on a gagné une formation sans crainte de se renouveler : gavée aux percussions, aux drones bubble-gum et autres ritournelles psychés. De « noise » on passe à « post-rock digital » (un shoegaze du nouvel âge ?), un changement qui n’altèrera en rien la qualité première de ce groupe et leurs instincts infinis de grâce et de beauté. Alors on l’aime bien cette nouvelle mouture de Fuck Buttons ? Mieux, on en fait un des disques de l’année.

Le goût des autres :
8 Nicolas 7 Julien 9 Romain 9 Julien Gas 9 Thibaut