SIGN
Autechre
Depuis l’annonce de SIGN, les fans d’Autechre n’auront parlé que d’une chose : « Comment ? Ce disque ne fait qu’une heure ? » Car oui, le dernier bébé du duo de Sheffield est bien plus court qu’Exai ou elseq 1-5, sans même parler des NTS Sessions. Savoir qu’un second disque arriverait prochainement ne change rien à l’affaire : SIGN est à peine plus long que "all end", morceau de fin de la quatrième et dernière NTS Session. Après avoir fait le choix de présenter toujours plus de choses jusqu’à en devenir presque hermétique, Rob Brown et Sean Booth appuient sur le bouton « RESET » de leur capharnaüm algorithmique, et cela se ressent très clairement.
Dire que SIGN signe le retour de la mélodie dans la musique du duo serait un non-sens complet : elle est toujours restée absolument présente, à sa manière, et seuls ceux qui ont quitté le train au moment de Tri Repetae ou LP5 continuent année après année de dire que Amber est un chef d’œuvre avant une longue série de disques incompréhensibles. Disons plutôt que SIGN est un disque qui révèle quasi immédiatement une grande partie de ce qu’il a à proposer. elseq ou NTS étaient en effet de ces disques qui s’écoutent comme on joue à Dark Souls : à s’acharner sur la moindre seconde, écoute après écoute , afin de découvrir tous les secrets de morceaux à rallonge, et à toujours y revenir, séduits par cette musique si obscure et pourtant si gratifiante. Oui, il y avait presque une sorte de satisfaction à finir un morceau d’Autechre, à avoir passé une demi-heure à regarder le plafond en étant transporté dans la machine.
SIGN en revanche est un disque quasiment feel good dans son immédiateté, et pourtant absolument magnifique. Car le duo prouve qu’il est capable de composer quelque chose de facile d’accès, et pourtant immensément Autechrien. Il propose toujours beaucoup de complexité, mais elle est plus masquée qu’avant, à la manière de ces basses qui se cachent derrières les mélodies du disque, comme un niveau à débloquer pour les fans les plus hardcore. Pour les néophytes au contraire, SIGN est une porte d’entrée incroyable vers le reste de la discographie du projet, notamment de part son côté parfois hyper référencé.
Disons-le clairement, on n’a jamais écouté un album d’Autechre qui renvoie autant à d’autres albums d’Autechre. Entre une entrée digne d’Exai, des structures cristallines à la Oversteps, des passages braindance qui flairent bon les années 90 (avec même un synthé directement repris à Boards of Canada sur "psin AM"), SIGN bâtit sur plus de 25 années de discographie, au point parfois malheureusement de ressembler parfois presque à une compilation. Pas seulement car ces titres sont fort référencés. Après tout, après une si longue carrière, il est normal qu’un disque d’Autechre ressemble à d’autres disques d'Autechre. Mais le manque d’unité du disque le dessert un peu, à donner un côté pot-pourri à cet album studio.
Autechre a pourtant encore beaucoup à dire, que ce soit au travers de ces pistes ambient qui parsèment le disque ou de cette beauté fugace qui doit encore toujours être recherchée dans certains morceaux. Reste que SIGN sonne comme l’aboutissement d’une très longue recherche plutôt que comme un nouveau pavé dans la mare. Que l’on a hâte d’avoir tort.