Rojus (Designed to Dance)
Leon Vynehall
Noble entreprise que celle développée par Leon Vynehall. En effet, alors qu’il n’est présent dans les sphères house que depuis peu (ses premières sorties remontent à 2012) et qu’il peut encore se permettre d’asseoir sa réputation bien pépouze, l’Anglais se lance pour se second long-format dans l’exercice le plus #personalbranleur qui soit, l’album conceptuel. OK, son premier disque avait déjà une sorte de fil rouge (les cassettes qu'écoutait sa mère dans la voiture), mais Rojus (ça veut dire ‘paradis’ en lituanien) passe au niveau supérieur d’abstraction en comparant les rituels nuptiaux des animaux aux comportements d’un clubber. Soyons clairs : on a écouté Rojus un bon paquet de fois et à part quelques cuicuis exotiques ci et là, on ne perçoit pas vraiment les visées conceptuelles d'un producteur dont on a toujours apprécié la belle immédiateté des compositions. Après, on sait tous que ce genre de démarche conceptuelle peut éventuellement être reléguée au second plan au moment de juger un album, surtout si celui-ci est bon. Mais justement, là où il y a une couille dans le potage, c’est que Rojus n'est pas un bon disque. Pourtant c’est pas faute de tout mettre en œuvre pour nous en mettre plein les mirettes. On peut même dire qu’en matière de poudre aux yeux, Rojus est un des objets les plus captivants de 2016 : car à première écoute, cette house est purement et simplement magnifique, transpirant le formalisme et l’ambition mélodique par tous les pores. Le genre de disque vers lequel on a envie de revenir, invariablement charmé par ses magnifiques apparats. Mais voilà, quand on attribuera les lauriers à la fin de l’année, à part le prix de la plus belle coquille vide, on ne sait pas trop ce qu’on pourra décerner à Leon Vynehall. D’où la difficulté de parler de Rojus, qu’on a en notre possession depuis de nombreuses semaines : s’il est capable de fonctionner par coups d’éclat (« Beau Sovereign » et « Kiburu’s » sont de vrais beaux titres, incroyablement efficaces), l’édifice n’a pas les épaules assez larges pour passionner sur la longueur, plombé par une vacuité un peu insoupçonnée. Le constat est alors sans appel : l’écoute terminée, on a la conviction d’avoir entendu un beau produit fini, dont on est pourtant incapable d’esquisser les contours. Le crime était (presque) parfait.