Return to the Moon
EL VY
Sur papier, EL VY est forcément prometteur : associer Matt Berninger (The National) et Brent Knopf (Ramona Falls, Menomena), c’est unir ce que le milieu indie produit aujourd’hui de plus élégant à l’une des facettes les plus pop de la mouvance, en misant sur l’efficacité d’une structure minimaliste et dynamique. En août 2015, le duo dévoilait son premier titre, “Return to the Moon”, tout en légèreté disco agrémentée de clappements de mains et en profitait pour annoncer la sortie d’un album du même titre et une tournée nord-américaine et européenne. Durant les mois qui ont suivi, plusieurs titres de ce disque à venir étaient présentés au compte-gouttes : ceux-ci, passé l’euphorie de la découverte, provoquaient quelquefois une double impression d’éclatement et d’inaboutissement, qui persiste lors de l’écoute de l’album. Qu’on ne se méprenne pas : il y a quelques perles sur ce disque et certains morceaux suffisent à eux seuls à en justifier l’existence. “Paul Is Alive” construit sur une mélodie lo-fi faussement naïve est rien de moins que l’un des meilleurs titres de l’année écoulée, tandis que “No Time to Crank the Sun” se révèle une excellente ballade en crescendo qui ne détonnerait pas sur un disque de The National. Mais, à trop jouer la carte de la désinvolture, le projet accouche également de morceaux brouillons (“I’m the Man to Be”) et trop plats (“Need A Friend”, “Sleeping Lights”), sur lesquels l’usage des chœurs tourne à la cacophonie. Après le formidable Trouble Will Find Me, on était en droit de se demander comment les membres de The National se débrouilleraient pour se réinventer : Matt Berninger a choisi l’option d’une aventure solo, censée l’écarter des sentiers dans lesquels il évolue depuis une quinzaine d’années ; il est indéniable que celle-ci l’a beaucoup amusé et elle lui permet de se mettre ponctuellement en valeur, mais on se réjouit quand même qu’il retourne au plus vite à ce qu’il fait de mieux.