Le chant des sirènes

Orelsan

3ème bureau – 2011
par Justin, le 20 octobre 2011
6

Attendu de longue date, le second album du controversé Orelsan devait confirmer tout le bien que l'on avait pu penser de Perdu d'avance, premier effort adolescent du rappeur caennais. Finalement Le chant des sirènes apparaît en clair-obscur : un disque ponctué par quelques éclairs de génie et, malheureusement, aussi par plusieurs titres que l'on pourrait qualifier de plutôt ordinaires.

Tout commence pourtant pour le mieux avec l'excellent "Raelsan", un titre qui signe de manière fracassante le retour aux affaires d'Aurélien Cotentin. C'est probablement, à ce jour, son morceau le plus couillu jamais sorti. Tout y est : la pertinence, la montée en puissance et finalement la jouissance de voir O-R-E-L jongler avec brio entre références musicales et mythologiques. Enchaîné au tout aussi bon "Chant des sirènes", on se dit que le disque démarre sous les meilleurs auspices.

Mais voilà, on sait que Orelsan, à l’instar des Eminem ou Mike Skinner auxquels on l’a souvent comparé, aime pousser la chansonnette. Et il donne désormais l’impression d’en abuser. "Mauvaise idée" devrait-on dire, histoire de le paraphraser. Son humour paraît d'ailleurs un peu usé, très éloigné de titres comme "Pour le pire" ou autre "Jimmy Punchline". Alors oui, la tentation de qualifier ce disque "d’album de la maturité" est grande tant l’on sent que le rappeur a voulu affiner son discours. Pourtant l’ensemble manque de liant, et quelques morceaux sont plutôt incongrus, "La petite marchande de porte-clefs" en tête. Côté production, on sentait déjà Skread limité sur Perdu d’avance, il apparait désormais clair qu’Aurélien ferait bien de s’aventurer sur d’autres types de beats, comme c'est le cas sur l’interlude "1990".

Passé le ventre mou de l’album, Le chant des sirènes se clôture tout de même sur un enchaînement de bons titres. Quand "Ils sont cools" marque l’excellent retour du homie Gringe, "Suicide social" propose une même montée en puissance similaire à celle vécue sur "Raelsan", le côté nihiliste en moins. "Elle viendra quand même" remet quant à lui les pendules à l’heure et permet, à la façon de "La peur de l’échec" (outro du premier disque) de fermer l’épisode sur un instant de clairvoyance. Le chant des sirènes, instantané d’un type qui gamberge un peu trop dans son lit en essayant de s’endormir.

Le goût des autres :
7 Soul Brotha 7 Jeff