L'Aventura
Sébastien Tellier
Le soleil qui joue la carte de l'alternance, l'équipe de France qui se vautre au Brésil... Oui, il faut bien l'admettre: ce mois de juillet peut être morose. Il apparaît dès lors indispensable de faire passer la pilule et trouver un moyen précipiter l'arrivée des congés. Nous voilà donc à la recherche de l'album qui viendra, même maladroitement, provoquer la mélanine. S'il y avait déjà le Todd Terje pour ce rôle remplir à merveille, le goût risque m'a fait m'aventurer sur un autre disque à la pochette riche en couleurs criardes: L'Aventura du père Sébastien Tellier, et sa pochette plutôt avenante. Et si on n'a pas été tendres avec ses dernières réalisations, force est d'admettre qu'on va en dire beaucoup de bien de ce sixième album du barbu.
Pourtant, on revient de loin. En effet, on toujours eu un mal fou avec ses albums-fusibles sur lesquels des éclairs de génie côtoyaient le nawak d'un goût douteux ("Pomme" et "L'Amour et la Violence" sur un même album ?). Malheureusement pour nous, c'est un peu son gagne-pain depuis le succès commercial de Sexuality. On avait donc abandonné l'idée d'entendre le barbu nous faire rêver avec un album fait de trois bouts de ficelle, de jolis arrangements, et de quelques claviers sortis de l'enfer. Et on n'était pas les seuls: entre ceux qui n'ont pas pardonné My God Is Blue, et ceux qui se saoulent à Julien Doré pour oublier Confections, on semblait bien peu nombreux à espérer du bon de la folie de Tellier. Et pourtant, L'Aventura est un disque qui vient enfin adoucir la folie créatrice de son géniteur. Les dix titres de cet album concept (encore un) s'enchaînent sans douleur, et profitent surtout d'une aération que même la couleur brésilienne de l'album ne vient pas compromettre. Loin de laisser sa destination d'enregistrement tirer la couverture de son côté, le barbu est au final fidèle à lui-même, s'amusant à divaguer dans des délires électroniques et psychédéliques – quand ils ne sont pas simplement jolis – qui s'inscrivent dans un fil conducteur aussi léger qu'ensoleillé. Et même lorsque quelques tâches viennent perturber un peu le voyage, L'Aventura demeure dans son ensemble un album muito bem, qui aligne les bonnes idées comme une Hawaïenne aligne les colliers de fleurs à des touristes fraîchement débarqués.
Rassurés et euphoriques. Voilà comment on sort de cette nouvelle plaque qui place le Seb là où il veut être, c'est-à-dire au calme sur l'épaule du Cristo Redentor, avec sa guitare bossa (et un rien zoulette) à composer des mélodies interdites. D'ailleurs, si cette plaque sent un peu la complaisance et la niaiserie, alors comment se fait-il qu'elle marche aussi bien ? Probablement parce qu'à bien y réfléchir, L'Aventura est un pur accessoire de saison qui assume le moins son statut d'album véritable dans la discographie de Tellier: c'est plutôt un très joli canotier. Quelque chose de ridiculement léger, confortable et à ce point désuet qu'il en deviendrait presqu'indispensable.