In Colour
Jamie xx
« I always said, if I had to fuck a guy... I mean had to, if my life depended on it... I'd fuck Elvis. » confiait Clarence à une prostituée chelou dans la scène d’ouverture de True Romance en 1993. Retentissait ensuite une mélodie caribéenne aussi kitsch que délicieuse composée pour le film par Hans Zimmer à l’époque où il faisait autre chose que des B.O. épiques à la Gladiator. Si Jamie xx n’a pas vu ce film alors il a découvert son amour pour le steel-drum autre part. Et il n’a jamais fantasmé sur Patricia Arquette.
On a longtemps attendu ce premier album de Jamie xx pour Young Turks - qui est pour rappel un sous-label du mastodonte indie XL Recordings. Heureusement, histoire de nous faire patienter, l'Anglais a perfectionné sa recette et automatisé ses tics de production sur des remixes pour Florence + The machine ou Radiohead, et alimenté la hype en squattant la Boiler Room ou les studios de la BBC. A tel point qu'aujourd'hui, il est un des rares artistes, avec ses potes Caribou et Four Tet, à mettre à peu près tout le monde d’accord chez les amateurs de musique électronique. Chez Jamie xx donc, il y a du marimba, du steel-drum, des basses rondes, de la reverb, des beats légers et des voix qui flottent dans l’air ou qui viennent mettre un peu le bordel dans des tracks déjà sublimes à la base. On jurerait même entendre Beyoncé faire des petits « Oh Oh » sur le titre « Sleep Sound » mais la légende raconte que son boule ne passait pas la porte du studio. Bref, In Colour est sensuel et dansant, mais non sans une note de mélancolie sous-jacente qui donne souvent ce petit plus d'âme et d'humanité au bazar.
Evidemment, on retrouve à plusieurs occasions ses deux compères londoniens de The xx, Romy Madley Croft et Oliver Sim. Si cette dernière s'en sort avec les honneurs, on aurait préféré que le père Oliver évite de plomber le moral d'un disque qui avait jusque là parfaitement débuté. "Stranger in a Room" est un titre très subtil qui plaira aux amoureux de The xx, mais il n’a pas grand chose à faire ici. Le sucré/salé, ce n’est pas le truc de Jamie Oliver. Côté tube, impossible de passer à côté du surprenant « I Know There's Gonna Be (Good Times) » avec en featuring les plus flamboyants OVNI du rap us et du dancehall: Young Thug et Popcaan. Les plus idiots diront que ce titre est un mauvais ragga de plus dans le monde de la musique. Les plus intelligents reconnaitront que ce titre est la seule et unique bonne track de ragga dans le monde de la musique.
Dans ce disque globalement idyllique, on se demande juste pourquoi « All Under One Roof Raving », single parfait et belle synthèse du son Jamie xx, n’apparait pas sur l’album. Au rayon des déceptions, il y en aura certainement pour critiquer la longueur du disque. En effet, les titres s’enchainent à merveille, mais cela se fait au détriment de leur durée. Jamie xx nous montre cependant tout l’étendue de ses talents de producteur sur ce premier LP qui risque de faire secouer pas mal de boules. Parce qu'il faut être clair: Jamie Smith aurait pu pisser dans un saxophone avec une clarinette dans le fion qu'il aurait quand même écoulé des camions entiers de ce premier album. Heureusement, In Colour va cartonner pour les bonnes raisons. Please believe the hype.