Galaxy Garden
Lone
Si on se doutait bien que l'hommage vibrant de Zomby au son 8-bit allait faire école, on se demandait surtout si les exercices qui suivraient arriveraient à être tout aussi réussis. Notre réponse, c'est le prolifique et rafraîchissant Lone qui, en bon gros nerd des familles, nous l'apporte cette année en s'appropriant le temps d'une galette ce que le répertoire sonore de la Mega Drive a façonné de plus mélodieux. Et l'éternel habitué des synthés aquatiques à la Boards Of Canada ou 808State n'a que trop bien su comment mettre les formes en livrant sur ce Galaxy Garden ce qu'il a de plus intense et de plus coloré dans les tripes de ses boîtes à rythmes. Et à vrai dire, on n'en demandait pas tant.
Car si les grands nostalgiques seront les premiers charmés par ce déluge de pistes au renversant scrolling horizontal, le gameplay proposé par le nouveau bébé de Matt Cutler a ceci d'exceptionnel qu'il s'attaque à toutes les platesformes, y compris les moins attendues : naviguant entre wonky brise nuques à la Hudson Mohawke et house music tout en nappes façon Galaxy 2 Galaxy – une référence récurrente depuis son précédent opus Emerald Fantasy Tracks - l'Anglais trouve ici l'équilibre salutaire qui permet à son cinquième opus de s'inscrire dans la durée avec plus d'insistance que ses prédécesseurs, proposant douze stages sinueux et imprévisibles qui parleront autant au geek en mal de sensations fortes qu'au plagiste souhaitant agiter lubriquement son bassin entre deux parties de beach volley. Proposant une narration faite de loopings mélodiques qui évoquent ceux empruntés par le hérisson bleu, il faudra avoir le cœur bien accroché pour survivre aux coups de sang nerveux (« Crystal Caverns 1991 », « As A Child »), aux feux d'artifices romanesques (« Raindance ») et aux bangers house (« Lying In The Reeds » ou le sublime « Dream Girl / Sky Surfer ») que la dance music pixelisée de Lone offre ici.
Rempli d'une audace qui ravira les esgourdes avec sa durée de vie tout à fait honnête, difficile de trouver un point faibleà cette formidable réussite que des concurrents comme Rustie ou Lunice peuvent tout à fait lui jalouser, et pour cause: de toutes les expériences qu'ils proposent, celle de Lone est la plus jouable, la plus immersive et la mieux maîtrisée. Enfin, et pour ne rien gâcher, quand le bougre se décide à passer en mode multijoueur, conviant dans la partie l'excellent Machinedrum ou encore la voix d'opale d'Anneka – déjà croisée dans notre précédent test consacré à FaltyDL – ce n'est que pour mieux décupler le plaisir procuré par un tracklisting qui stimulait déjà plus qu'il ne fallait. Une jolie façon de boucler la boucle, en somme.
Affinant une recette qui avait jusqu'alors déjà fait ses preuves, cette nouvelle galette s'impose comme le carton que l'on attendait de Lone après quatre albums et une poignée de '12 et de maxis tous aussi sympathiques que bancaux. Rangez vos glowsticks et (re)sortez vos Master System ! Galaxy Garden débarque avec ce qui ressemble ici au gros sel du plaisir coupable de ce premier semestre 2012. Aussi romantique que fou et aussi épique que dansant, ce passage au niveau supérieur du Mancunien est comme une folle partie de jambes en l'air sur une plage devant un coucher de soleil avec une version « jeune geek à lunettes » de Brigitte Bardot : pas moins excitant, tout aussi sensuel et finalement à peine plus niais.