Crystal Cult 2080
Legowelt
Nous sommes en 2082. Dans une ambiance noyée par des lumières artificielles polychromatiques, des robots et des rebuts d'humains entament une sarabande sensuelle et débauchée. Ce tourbillon de mouvements mécaniques saccadés s'enthousiasme pour un album sortie il y a presque 70 ans. Un disque produit par un certain Legowelt, tombé dans l'oubli et dont il ne subsiste que quelques morceaux éparses.
Voilà comment l'on peut imaginer la musique de Legowelt en se projetant dans le futur. Tout comme Asimov ou de George Orwell à leur époque, Danny Wolfers semble nous faire entrevoir un futur que l'on sent germé dans l'époque actuelle. Un futur où la machine prend toujours plus de place, pour notre bonheur mais aussi pour notre malheur.
Avec ses claviers sidéraux, ses rythmiques robotiques, Crystal Cult 2080 est un album au goût de science-fiction. La musique électronique est assez coutumière de ce genre de produits, mais peu ont véritablement réussi à créer un univers entier et cohérent. Legowelt se place, de ce point de vue, dans la même lignée que Drexciya créant son monde subaquatique où se mêlent le vivant et l'artificiel. Dans ce monde synthétique, Danny Wolfers tente l'hybridation parfaite entre l'homme et la machine, loin d'un esprit Terminator où la guerre fait rage, mais plutôt dans celui d'un Blade Runner où les frontières ont fini par s'estomper petit à petit.
En plus de nous offrir une œuvre cinématographique, le producteur néerlandais nous balade aux travers de mélodies électroniques des plus raffinées qui rappellent tantôt µ-ziq, tantôt Aphex Twin ou Model 500. Des influences de premier choix, pour un album qui ne singe jamais ces modèles, mais vient puiser des sonorités de ces grandes figures de la musique électronique pour mieux les réagencer afin d'obtenir un produit unique.
Au fond, Legowelt semble pas mal s'en cogner de ce qu'il se passe dans le milieu de la musique électronique actuellement. Loin de courir derrière la nouveauté et l'expérimentation, Crystal Cult 2080 fleure bon le classicisme. Paradoxalement, cette approche permet à Danny Wolfers de se démarquer de la masse. Loin de lasser avec des sonorités usées jusqu'à la corde, il propose du neuf avec du vieux. Et ça, ça fait mouche dans nos cœurs de gros cons réac'.