23 Seconds

Cobblestone Jazz

!K7 – 2007
par Simon, le 14 novembre 2007
8

Si le nom de Cobblestone Jazz ne vous inspire pas grand-chose à première vue, la présence de Matthew Jonson devrait chasser le brouillard planant autour de ce trio de Vancouver. Héro minimal avec son tube « Decompression » sorti sur Minus Records, Matthew Jonson est la figure centrale de ce projet autrement plus jazzy. Accompagné de Tyger Dhula et Danuel Tate, ce 23 Seconds nous est livré sur le très bon label allemand !K7, première preuve effective du sérieux du projet.

De Cobblestone Jazz, nous nous souviendrons également de deux singles retentissants qui avaient su déchaîner les foules au cours de cette année chargée : « Lime In Da Coconut » et sa traversée minimale/jazz immersive, ensuite ce « India In Me » qui s’était retrouvé tout naturellement dans les sélections mixées de grande qualité (le Fabric d’Ellen Allien ou encore le At The Controls de M.A.N.D.Y). Une première série d’observations qui annonce le meilleur à venir.

Heureuse collaboration faut-il penser à l’écoute de ces treize productions aux frontières de la minimale techno et des improvisations jazz. Ici point de détournement techno/jazz racoleurs mais une version du genre dans sa forme la plus digitalisée, car du jazz contemporain Cobblestone Jazz ne garde que le groove meurtrier et les claviers dévastateurs. Décidemment déliés de toute contrainte quant à la forme, ces trois artistes laissent libre cours à leurs improvisations les plus distinguées pour offrir la retranscription de ce qui apparaît comme une prestation live en studio. Les basses en guise de métronome et les pirouettes analogiques en guise de mélodies entêtantes, les Canadiens s’en donnent à cœur joie pour isoler le jazz dans ce qu’il a de plus mixte, n’hésitant pas à parsemer le tout de nappes rugueuses qui donnent à l’ensemble une connotation technoïde plus que jouissive. Vous l’aurez deviné, le son de Detroit n’est jamais fort loin et Cobblestone Jazz se révèle à de nombreux égards le digne descendant de grands gaillards à l’image de Carl Craig (« Change Your Ape Suit » notamment). Constamment en quête de nouveaux horizons, la bande de Matthew Jonson évite les raccourcis faciles pour mieux se plonger dans la matière première de ces improvisations maîtrisées de bout en bout, et dont la fusion finale n’est qu’un aboutissement évident.

Jamais trop sombre et évitant en permanence l’écueil de la production electro/jazz bidon , 23 Seconds retentit comme les premiers pas d’une formation en tous points convaincante et qui séduit par la maturité combinée des membres qui la composent. Ultime cadeau, un deuxième disque qui comprendra un enregistrement live complet (histoire de voir le massacre causé sur scène par ces trois lascars) mais aussi la perle « India In Me » et le convainquant « Dump Truck ». Une bien belle découverte en somme.