10 Year Compilation Mix Part 1
Omar-S
A une époque où le dj a été élevé au rang de superstar (pour le meilleur et surtout pour le pire) et où l’omniprésence semble être considérée comme l’une des clés de la réussite (surtout commerciale), l’industrie musicale et les fans qui la font vivre ont bien besoin d’handicapés sociaux comme Omar-S, histoire de revenir aux valeurs fondamentales de la house et aux plaisirs simples de la musique électronique.
Déjà pour son impeccable et indispensable sélection mixée pour la Fabric (on était en 2009), le natif de Détroit nous avait démontré combien il chérissait cette autarcie et ce côté DIY dont on ne peut remettre en cause la sincérité. En n’incluant que des titres de son catalogue pour le club londonien, Omar-S ne faisait pas preuve d’arrogance ou de condescendance : il tenait simplement à préciser qu’il n’avait pas la moindre idée de ce qui se tramait en dehors de la Motor City – et à la rigueur, de ce qui se faisait en dehors des sorties de son label FXHE. En même temps, quand on s’appelle Omar-S et qu’on a sur le disque dur des gigas de productions qui traînent (et qui renvoient surtout à leurs chères études pas mal d’arrivistes de la constellation house), à quoi bon perdre son temps à digger?
Partant de là, il est assez logique que sur ce mix célébrant le dixième anniversaire de son bébé FXHE, Omar-S soit au centre de la narration d’une sélection dont le seul défaut est de ne compter que des titres déjà sortis. En même temps, handicap social oblige, FXHE n’est pas un label qui axe sa stratégie autour d’une quelconque forme d’omniprésence sur la toile (en fait, FXHE est une structure qui n’a tout simplement pas de stratégie commerciale), et le produit fini n’est donc pas avare en surprises inattendues pour ceux qui suivent parfois d'un peu trop loin l'actualité du label.
Disponible uniquement sur le site web tout cracra de FXHE, ce premier mix officiel depuis le fameux Fabric 45 évoqué plus haut passe donc en revue les meilleurs moments des dix dernières années d’activisme. On retrouve logiquement quelques trucs qu’on a pas mal rincés (« S.E.X. » ou « Here’s Your Trance Now Dance » pour n’en citer que deux) et d’autres dont on ne soupçonnait pas l’existence, mais qui vont vite devenir des classiques (« Who Wrote The Rules of Love » en tête). Mais le plus important et le plus jouissif, c’est qu’on peut se plonger dans ce mix en s’affranchissant de ces marqueurs temporels qui ont tendance à polluer notre jugement.
Ce mix d’Omar-S, il est en fait impossible de le situer dans le temps. La seule donnée qui s’impose à nous, c’est le bonheur qu’il nous procure dans la générosité de ses claviers, dans l’intemporalité de ses ambiances et dans la fluidité de ses transitions. Cette house-là est d’une pureté folle, incarne autant le présent que le passé, et résiste admirablement bien aux écoutes répétées. Mais ce genre de considérations et de dithyrambes, Omar-S s’en tape probablement comme de son premier slibard : le mec est sûrement en train de faire des donuts avec sa nouvelle Nissan GTR. Like a boss.